Démasquer le problème systémique des agressions sexuelles dans la culture du hockey
Cet article traite de la violence sexuelle et peut être déclencheur pour certains lecteurs. Le Journal utilise le terme « survivant » pour désigner les personnes qui ont subi une agression sexuelle. Nous reconnaissons que ce terme n’est pas universel. La ligne téléphonique de crise et de soutien du Kingston Sexual Assault Centre est disponible 24 heures sur 24 au 613-544-6424 / 1-800-544-6424.
Ce qui s’est passé dans cette chambre d’hôtel londonienne en 2018 n’était pas un événement isolé.
Dans le monde du sport professionnel, le hockey sur glace a toujours été considéré comme un bastion de force, de travail d’équipe et, plus particulièrement, de fierté nationale. Cependant, sous la surface scintillante des victoires et des distinctions, une vérité plus sombre se cache silencieusement : le problème systémique des agressions sexuelles qui continue d’être ignoré.
Les événements choquants survenus dans une chambre d’hôtel de Londres en 2018 impliquant des membres de l’équipe canadienne de hockey junior 2018 n’ont fait qu’effleurer la surface d’un problème omniprésent qui saisit Hockey Canada et la LNH.
Le 24 janvier, le Globe and Mail a rapporté une révélation qui a provoqué une onde de choc dans la communauté du hockey : cinq membres de l’équipe canadienne de hockey junior du monde 2018 ont reçu l’ordre de se rendre à la police de Londres pour faire face à des accusations d’agression sexuelle. L’incident présumé s’est produit après un gala et un événement de golf de la Fondation Hockey Canada, ternissant la réputation d’une équipe championne qui faisait autrefois la fierté de la nation.
Six ans plus tard, les rouages de la justice semblaient perpétuellement gelés, alors que ces joueurs – dont certains sont maintenant dans la LNH – poursuivaient leur carrière apparemment épargnés par les allégations.
L’assaut contre une chambre d’hôtel à Londres n’était pas un événement isolé, mais plutôt le symptôme d’un malaise plus large profondément enraciné dans la culture du hockey. Depuis 1989, Hockey Canada a réglé plus de 21 cas d’abus et d’agressions sexuels, un nombre stupéfiant qui révèle un problème systémique transcendant cet incident individuel.
En 2022, la nouvelle a éclaté selon laquelle Hockey Canada avait utilisé 7,6 millions de dollars provenant d’un fonds de réserve provenant des frais d’inscription des joueurs pour couvrir neuf réclamations pour agression ou abus sexuels. Un autre 1,4 million de dollars a été versé par l’intermédiaire de l’assurance de Hockey Canada pour régler 12 autres réclamations pour inconduite sexuelle au cours de la même période.
Bien qu’il s’agisse des seuls cas signalés, selon une enquête du Globe and Mail, le fonds de réserve susmentionné – destiné « à des questions incluant, mais sans s’y limiter, les abus sexuels » – a dépassé les 15 millions de dollars ces dernières années.
Ces chiffres stupéfiants et ces révélations bouleversantes mettent en lumière la culture du silence omniprésente qui a permis aux agressions sexuelles de prospérer dans le monde du hockey. Les valeurs traditionnellement défendues par ce sport – endurance, résilience et loyauté envers l’équipe – ont involontairement favorisé un environnement dans lequel les voix des survivants sont étouffées par le rugissement de la foule.
Les dirigeants de Hockey Canada ont pris la décision inexplicable en 2022 de régler une poursuite de 3,55 millions de dollars déposée par le survivant présumé de l’incident de 2018. Les fonds accordés au survivant provenaient d’une caisse noire non divulguée créée par Hockey Canada à ces fins, soulevant des questions sur l’engagement de l’organisation en matière de transparence et de responsabilité.
Le fait que Hockey Canada dispose d’une réserve dédiée pour des incidents comme celui-ci en dit long. Ils enseignent aux joueurs que leurs actions sont acceptables, à condition qu’ils continuent à bien jouer.
Le problème systémique des agressions sexuelles au hockey exige une action immédiate et globale. Il ne suffit pas de traiter des cas individuels ; cela nécessite une refonte culturelle au sein du sport.
Fini l’attitude « les garçons seront des garçons » : il est temps de commencer à les tenir responsables de leurs actes.
Le temps est venu pour Hockey Canada et la LNH d’affronter le problème de front, en reconnaissant les éléments toxiques de leur culture et en mettant en œuvre des changements significatifs pour protéger les individus. Les survivants – des individus courageux qui ont brisé leur silence – méritent justice.
Le pouvoir du changement réside entre les mains des organisations, des entraîneurs, des joueurs et des fans qui aiment ce sport. Aujourd’hui plus que jamais, il est temps de s’attaquer à ce problème omniprésent, en permettant au hockey de sortir de son silence figé et d’embrasser un avenir où le respect, la dignité et la responsabilité occupent une place centrale.